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Golem
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| Golem
: dans la cabale juive, image ou forme brute à laquelle
une formule magique donne vie. |
| Le
golem, qui signifie « embryon », ou toute chose qui n'est
pas entièrement développée, prend généralement la forme
d'un robot ou d'un automate. |
| Dans
la Torah (Psaumes CXXXIX, 16) et dans le Talmud, le terme
fait référence à une substance informe. |
| Son
sens actuel apparut au Moyen Âge lorsque commencèrent
à circuler des légendes sur des savants capables d'insuffler
la vie à des effigies au moyen de formules magiques. |
| Ils
pouvaient alors utiliser leurs créatures comme bon leur
semblait. Par la suite, on considéra les golems comme
propres à offrir une protection spéciale aux juifs. |
| L'histoire
de golem la plus connue est celle du rabbi Juda Löwi (env.
1525-1609) de Prague, qui aurait créé un golem pour s'en
servir comme domestique jusqu'au jour où, ce dernier devenant
indocile, il aurait été obligé de le détruire. |
| Le
Golem (1916), roman de l'écrivain autrichien Gustav Meyrink,
a également pour thème cette légende. |
| Cette
légende a gardé une forte emprise au Moyen Âge. |
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| Precisions
d'Elalie |
| Être,
le plus souvent de forme humaine, le golem est créé par
un acte de magie grâce à la connaissance des dénominations
sacrées. |
| Dans
le judaïsme, l'apparition du terme golem remonte au Livre
des Psaumes et à l'interprétation qu'en donne le Talmud;
il s'agit, dans ce contexte, tantôt d'un être inachevé
ou dépourvu de forme définie, tantôt de l'état de la matière
brute. |
| Ainsi
le Talmud appelle-t-il parfois Adam "golem" quand il veut
faire allusion aux douze premières heures de sa vie: il
s'agit là d'évoquer son corps encore dénué d'âme. |
| Mais
c'est surtout le Sefer Yesirah (le Livre de la Création)
et l'exégèse ésotérique qui en fut faite qui développèrent
l'idée du golem en relation avec les croyances concernant
le pouvoir créatif du discours et des lettres de l'alphabet
hébreu. |
| Selon
Gershom Scholem, il convient de distinguer deux traditions
très différentes du golem. |
| L'une,
proprement spéculative et mystique, s'appuie sur la foi
en la puissance du Verbe divin, en celle des lettres du
nom de Dieu (le tétragramme sacré) et, plus généralement,
dans le pouvoir des lettres de la Torah et de leur disposition.
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| Les
diverses combinaisons et transformations de ces lettres
constituent un mystérieux savoir qui permet de créer.
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| Aux
XIIe et XIIIe siècles, dans les cercles hassidiques de
l'Europe centrale, les légendes issues du Talmud étaient
interprétées dans un sens symbolique et la fabrication
d'un golem ne désignait qu'un certain degré d'élévation
intellectuelle et religieuse. |
| Cette
tradition ne fait allusion à aucun intérêt matériel que
le sage pourrait tirer de la fabrication d'un golem. |
| Ceux
qui, au cours d'une réunion mystique, participaient à
"l'acte de création" prenaient un peu de terre vierge
et en faisaient une idole; puis ils tournaient autour
d'elle en une sorte de danse en prononçant les lettres
sacrées et le nom secret de Dieu, selon un ordre et des
protocoles détaillés. |
| Le
golem prenait alors vie; quand les initiés inversaient
le sens de leur danse ainsi que l'ordre des lettres sacrées,
le golem s'écroulait et perdait la vie. |
| Selon
d'autres légendes, le mot Emet (la Vérité ou le Sceau
du Dieu unique) devait être écrit sur le front du golem;
quand la lettre alef était effacée, ne demeurait plus
que le mot met (mort) et le golem s'anéantissait. |
| Dans
la tradition populaire du hassidisme ashkénaze du XVe
siècle, le golem devint une créature réelle, capable de
servir ses maîtres et de remplir les tâches qu'ils lui
fixaient. |
| Cette
tradition, qui devint extrêmement populaire au XVIIe siècle,
se rattache à la très ancienne croyance en la possibilité
de ressusciter un mort en lui mettant dans la bouche (ou
sur le bras) un morceau de parchemin sur lequel est inscrit
le tétragramme. |
| D'autre
part, elle se rapproche beaucoup de nombreuses légendes
ésotériques non juives concernant la création d'homoncules
(comme on le voit chez Paracelse, par exemple). |
| Enfin,
selon cette croyance, le golem, être servile, peut se
changer en un être maléfique qu'il convient de détruire
pour éviter qu'il ne sème la terreur et la mort. |
| C'est
dans cette dernière tradition que naquit la légende de
Rabbi Loeb de Prague: il aurait fabriqué un golem pour
en faire son serviteur et aurait été contraint de le détruire
quand il commença à semer le trouble dans la ville. |
| Dans
son célèbre roman, Gustav Meyrink s'empara de cette légende
populaire en lui donnant un sens symbolique et une portée
de critique sociale jusqu'alors inconnus. |