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| Ensemble
des croyances qui constituaient la religion de l'Égypte
dans l'Antiquité, pratiquée depuis le IVe millénaire
avant notre ère et jusqu'au IVe ou le Ve siècle de
notre ère. |
| Les
croyances religieuses de l'Égypte ancienne, qui perdurèrent
avec une remarquable stabilité pendant plus de trois
millénaires, exercèrent une influence déterminante
sur le développement de la culture et de la civilisation
de ce pays. |
| En
effet, les dieux et l'au-delà étaient une préoccupation
de premier plan pour les Égyptiens, et se trouvaient
au centre de tous les aspects de leur existence. |
| Le
temple était le monument le plus important des cités
égyptiennes, et le pouvoir des prêtres fut, à certaines
époques, immense, au point de menacer celui du pharaon. |
| La
foi des Égyptiens avait pour fondement un ensemble
de mythes mettant en scène d'innombrables divinités,
mais, malgré ce polythéisme, malgré l'étonnante multiplicité
de leurs dieux anthropomorphes, la capacité des Égyptiens
à saisir le divin comme principe, dans son abstraction
et son unicité, a fait dire que leur polythéisme apparent
cachait en réalité une conception monothéiste de la
divinité. |
| Selon
la cosmogonie égyptienne la plus ancienne, celle de
la ville d'Héliopolis, seul le chaos, sous la forme
d'un océan appelé Noun, existait au commencement. |
| Puis
Rê, ou Atoum, le soleil couchant, apparut à la surface
de l'eau. |
| Le
démiurge né des flots engendra quatre enfants, les
dieux Shou, l'atmosphère, et Geb, la Terre et les
déesses Tefnout, l'Humidité, et Nout, le Ciel. Shou
et Tefnout se tenaient debout sur Geb, la Terre, et
soutenaient Nout, le Ciel.
Rê était leur souverain. |
| Geb
et Nout par la suite eurent deux fils, Seth et Osiris,
et deux filles, Isis et Nephthys. |
| C'est
Osiris qui succéda à Rê comme roi de la terre, secondé
par Isis, sa sœur et épouse.
Seth, toutefois, haïssait son frère et le tua. Isis
embauma alors le corps de son époux, aidée en cela
par le dieu Anubis, qui devint ainsi le dieu de l'Embaumement.
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| La
puissante magie d'Isis ressuscita Osiris, qui devint
roi du monde inférieur, ou royaume des morts. Horus,
fils d'Osiris et d'Isis, devait plus tard vaincre
Seth au cours d'une grande bataille et devenir roi
de la terre. |
| C'est
la déesse Maât qui incarnait l'ordre et la régularité
du monde voulu par le démiurge. |
| À
côté des cosmogonies établies par les prêtres, les
croyances populaires développèrent divers récits mythologiques
mettant en scène les divinités, récits qu'on peut
regrouper en trois cycles : le cycle solaire, le cycle
horien et le cycle osirien. |
| Le
mythe de la création d'Héliopolis mit en avant le
schéma de l'ennéade, ou groupe de neuf divinités,
et celui de la triade, composée de trois êtres divins,
père, mère et fils. |
| La
plus grande ennéade était celle que Rê formait avec
ses enfants et ses petits-enfants et qui était adorée
à Héliopolis, centre du culte solaire dans le monde
égyptien. |
| Toutefois,
le temple de chaque province, en Égypte, avait sa
propre ennéade et sa triade.
L'origine des divinités locales est obscure; certaines
semblent avoir été empruntées à des religions étrangères,
d'autres sont issues des animaux divinisés de l'Afrique
préhistorique. |
| Peu
à peu, les divinités locales adorées dans les capitales
des provinces s'intégrèrent à une structure religieuse
complexe, commune à toute l'Égypte.
Chacune des quarante-deux capitales de province avait
sa triade, ce qui porte à cent vingt-six le nombre
des divinités locales. |
| Après
Rê et les divinités qui interviennent dans l'épisode
de la création, les dieux importants sont Amon, Thot,
Ptah, Khnemou et Apis, et les déesses les plus éminentes
Hathor, Moût, Neit et Sekhmet. |
| Leur
importance croissait en fonction de l'importance politique
des cités d'où elles étaient originaires et où elles
étaient adorées.
Par exemple, l'ennéade de Memphis, qui avait à sa
tête une triade composée du dieu père Ptah, de la
mère, Sekhmet, et du fils Imhotep, prit de l'importance
sous le règne des dynasties de Memphis et Ptah devint
l'un des plus grands dieux d'Égypte.
De même, lorsque les dynasties thébaines régnèrent
sur l'Égypte, c'est l'ennéade de Thèbes, avec à sa
tête le dieu père Amon, qui prit une importance nationale.
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| Les
véritables divinités de l'Égypte ancienne se trouvèrent
parfois confondues avec des êtres humains divinisés
après leur mort : c'est le cas d'Imhotep, à l'origine
premier ministre du pharaon Djéser de la IIIe dynastie,
qui fut plus tard considéré comme un demi-dieu guérisseur.
C'est au cours de la Ve dynastie que les pharaons
commencèrent à revendiquer leur origine divine et
qu'ils furent adorés comme les fils de Rê. |
| Les
dieux égyptiens étaient anthropomorphes, mais leur
corps d'apparence humaine était souvent surmonté d'une
tête animale. |
| Cet
animal traduisait souvent les caractéristiques du
dieu : ainsi Rê possédait-il une tête de faucon, oiseau
au vol rapide. |
| Hathor,
déesse de l'Amour et du Rire, avait la tête d'une
vache, tandis qu'au dieu Anubis on attribuait la tête
d'un chacal, parce que ces animaux ravageaient les
tombes du désert. |
| Moût
avait la tête d'un vautour, et Thot celle d'un ibis;
quant à Ptah, il était représenté avec une tête humaine,
bien que parfois on lui donnât l'apparence d'un taureau,
nommé Apis. |
| En
raison de leurs liens avec les dieux, ces animaux
étaient vénérés, mais des animaux sacrés furent aussi
adorés dans les temples comme incarnations divines,
surtout à l'époque de la XXVIe dynastie. |
| Les
dieux étaient également représentés par des symboles,
tels le disque du soleil ou les ailes de faucon qui
figuraient sur la coiffe portée par le pharaon. |
| Le
seul dieu important, adoré de façon constante, fut
Rê, roi des divinités cosmiques. Son culte débuta
probablement au Moyen Empire (v. 2000 av. J.-C.) et
prit par la suite les proportions d'une religion d'État. |
| Le
dieu fut confondu peu à peu avec Amon lorsque les
dynasties thébaines prirent le pouvoir : il devint
alors le dieu suprême Amon-Rê. |
| Au
cours de la XVIIIe Dynastie, le pharaon Aménophis
III donna au dieu du Soleil le nom d'Aton, terme ancien
pour désigner la force solaire physique. |
| Mais
c'est le fils et successeur d'Aménophis, Akhenaton,
qui accomplit une véritable révolution religieuse
en Égypte, en proclamant qu'Aton était le seul et
le vrai dieu.
Il changea son propre nom en celui d'Akhenaton ou
Akhnaton, terme qui signifie «Serviteur d'Aton». |
| Ce
pharaon, le premier grand adepte du monothéisme, fut
un iconoclaste; il fit effacer des monuments le nom
de «dieux» mis au pluriel, et persécuta sans relâche
les prêtres d'Amon. |
| Malgré
l'influence considérable qu'elle exerça sur l'art
et sur la pensée des contemporains, la religion solaire
voulue par Akhenaton ne lui survécut pas, et l'Égypte
revint à son polythéisme antérieur après la mort d'Akhenaton
sous le règne de son successeur Toutankhamon. |
| Le
rituel des funérailles |
| Enterrer
les morts était naturellement, dans l'Égypte ancienne,
une préoccupation d'ordre religieux, mais les rites
funèbres y furent sans doute les plus élaborés que
le monde ait jamais connus. |
| Les
Égyptiens croyaient que la force vitale, ou l'âme,
était composée de plusieurs éléments psychiques, dont
le plus important était le ka. |
| Le
ka était une sorte de réplique psychique du corps,
qui accompagnait ce dernier tout au long de la vie
et, après la mort, se séparait de lui pour aller prendre
sa place dans le royaume des morts. |
| Le
ka, cependant, ne pouvait exister si le corps était
anéanti; c'est pourquoi les Égyptiens s'efforçaient
de préserver les cadavres, en les embaumant et les
momifiant selon une méthode traditionnelle inaugurée
par Isis, lorsqu'elle avait momifié son époux Osiris. |
| Par
précaution, des statues de bois ou de pierre sculptées
à la ressemblance du défunt étaient disposées dans
la tombe : dans le cas où la momie était détruite,
elles devaient se substituer à elle et remplir son
rôle. |
| Plus
grand était le nombre de ces statues doubles, plus
grandes étaient les chances du mort de parvenir à
la résurrection.
Enfin, en guise d'ultime protection, les tombeaux
étaient construits selon des plans extrêmement compliqués
afin de protéger du pillage le corps et tous ses accessoires. |
| Lorsque
les âmes des morts quittaient le tombeau, elles étaient
menacées d'innombrables dangers, c'est pourquoi on
plaçait près des momies des textes funéraires et en
particulier le Livre des Morts, guide pour le monde
des morts et recueil de sortilèges pour surmonter
les dangers. |
| En
effet, à son arrivée dans le royaume des morts, le
ka était jugé par Osiris, roi des morts, assisté de
quarante-deux démons, et le Livre des Morts contenait
des instructions sur la façon d'aborder ces juges.
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| Si
les juges décidaient que le défunt avait été un pécheur,
le ka était condamné au supplice de la faim et de
la soif, ou était mis en pièces par un monstre horrible,
la «Grande Dévorante». |
| Si
au contraire la décision lui était favorable, le ka
entrait dans le royaume céleste des champs fertiles
de Yaru, où l'existence était une version glorieuse
de la vie terrestre. |
| On
disposait dans les tombes tous les objets nécessaires
au défunt pour cette existence paradisiaque, depuis
les meubles jusqu'aux livres. |
| En
échange de cette vie céleste et de sa bienveillante
protection, Osiris demandait toujours au défunt d'accomplir
à son service certaines tâches, comme des travaux
agricoles, mais ces tâches pouvaient être évitées
si l'on plaçait dans la tombe des petites statuettes,
les ushabtis, qui se substitueraient au défunt pour
les accomplir. |

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