Nous venons de Morlandor, un continent
prospère aux confins d’Erathia. Les ressources ne manquant
pas et le climat étant agréable, de nombreuses colonies
peuplaient ce monde magnifique.
Mais une fois l’expansion de chacun faite, des
conflits de frontière, d’abord mineurs, se sont vite transformés
en querelles sanglantes puis en haine atavique.
Trois factions se sont dessinées : les forces
du bien, celles du mal, et des forces neutres. Toutes ne rêvant
que d’une chose, régner sur cette terre.

La guerre dura près de dix ans, provoquant des
ravages dans chacun des camps, dévastant les terres jusqu’alors
fertiles, et anéantissant tout espoir de concorde future.
L’emploi de sorts tels qu’armageddon par
les seigneurs de l’hadès et du donjon et celui de l’implosion
par les sorciers de la tour et du rempart finirent de détruire
ce que des générations de colons avaient construit de
leurs mains, de leur sueur et de leur sang.
La terre ne pouvait en supporter davantage et les vieux
volcans s’éveillèrent de nouveau, vomissant leurs
flots de lave et de morts. Des tsunamis immenses balayèrent les
régions côtières et les vents cinglèrent
la terre désormais aride. Puis un déluge de cendres et
d’eau se déversa sur le continent de Morlandor désormais
dévasté.

Mais les seigneurs de guerre semblaient en avoir cure,
ils lançaient leurs troupes encore et toujours à l’assaut.
Même s’ils ne devaient régner que sur un monde mort,
ils le feraient en regardant les cadavres de leurs ennemis.
La fin de notre grand peuple était elle inéluctable
?
Non, car si la folie guerrière animait les chefs
de guilde, dans chaque camp la jeune garde des capitaines, élite
guerrière mais aussi espoir de tout un peuple, refusa de continuer
les massacres inutilement. Ils renversèrent leurs monarques respectifs,
souvent au prix de batailles épiques et proclamèrent un
cessez le feu général. Dans l’intérêt
de tous, la haine devait laisser la place à la raison.

Les guerres cessèrent enfin, mais le mal était
fait, les terres agonisaient et ses derniers habitants avec elles. L’exode
s’imposait, mais le temps pressait car les cataclysmes naturels
se multipliaient et la fin de Morlandor était proche. Alors on
vit une chose que plus aucune génération vivante n’avait
connu, tous les clans s’unirent à nouveau pour permettre
la survie de tous.
On vit les troupes du rempart s’allier à
celles des barbares et des nécromants pour parcourir la terre
et trouver le saint Graal.
Ce dernier permit aux mages de la tour de construire
la nef des cieux qui permettrait à un groupe de volontaires élémentaires
de l’air, pégases, griffons et autres génies de
traverser les mers et partir en quête d’une terre d’asile.
Pendant ce temps, les éclaireurs du donjon parcouraient
les sous sols du monde pour trouver eux aussi une échappatoire.
Les autres clans s’activèrent à construire, dans
chaque château de l’hades, des passages funestes qui permettraient,
une fois que les différents explorateurs auraient localisé
une terre d’asile, de téléporter rapidement la plupart
de la population de Morlandor.
Les légendes disent que c’est un génie
qui revint, seul survivant des explorateurs de la nef des cieux. A bout
de force il réussit, dans son dernier souffle, à indiquer
à l’effrit qui l’avait recueilli le lieu où
trouver une nouvelle terre d’accueil. En une seconde, des éons
d’atavismes furent balayés. Alors qu’un effrit tenait
dans ses bras un génie, à eux deux ils allaient sauver
les dernières âmes de Morlandor.

Aussitôt l’information connue, les plus
grands sorciers du royaume lancèrent un grand nombre de portails
de retour, et envoyèrent à travers l’espace les
meilleurs bâtisseurs nains. Ils eurent tôt fait de construire
les premiers châteaux hades, sous les directives d’un archidiable
; et permirent ainsi l’exode du peuple de Morlandor via les passages
funestes.

Si un monde finissait de s’effondrer dans
des abîmes sans fonds, tout un peuple, porteur d’espoir,
était sauvé.
Maintenant à l’abri sur cette nouvelle terre, les survivants
de Morlandor renouèrent avec un ciel calme et serein et avec
une nature enfin en parfaite harmonie avec eux.
Cette nouvelle harmonie dura ainsi plus de deux mois,
les troupes que tout opposait travaillaient maintenant ensemble à
la reconstruction des divers royaumes. Lorsque des éclaireurs
pégases découvrirent d’autres tribus sur cette terre
d’asile, et après plusieurs tentatives de rapprochement,
les survivants de Morlandor ne se heurtèrent qu’à
des rejets et des menaces de la part de ces tribus, qui voyaient d’un
mauvais œil l’arrivée d’étrangers sur
leurs terres.
Ils tentèrent de se déplacer pour enfin
faire leurs un territoire libre, mais rien n’y fit. A chaque fois
les peuplades rencontrées refusaient de partager leur terre.
Les nouveaux chefs de guildes se réunirent et formèrent
le conseil des neufs. Ils élirent leur nouveau chef, conclurent
des alliances fortes, et décidèrent une fois encore de
reprendre les armes pour conquérir de haute lutte une terre qu’ils
n’avaient su préserver autrefois et qu’ils refusaient
une fois de plus de se laisser flouer.
Les neufs allaient maintenant lutter ensemble dans un
même but : assurer un avenir prospère à leurs enfants
et préserver l’héritage de leur culture ancestrale.
Ils prenaient cette fois les armes ensemble pour pacifier ces terres
et préserver l’avenir, conscients que leurs erreurs passées
ne devaient plus se répéter. Sûrs de leur force,
le monde allait leur appartenir.